
Chapitre 1 : L'Éveil du Temps Égaré
Dans le charmant village d'Horacia, où les maisons semblaient avoir été peintes en pastel par un géant distrait, les journées devenaient interminablement longues. Le ciel refusait de virer à la nuit, emprisonnant le soleil dans une course lente et obstinée. Giovanni Elias, un gardien d'horloge aussi ingénieux que réservé, se tenait perplexe devant la grande horloge de la place centrale.
Les villageois d'Horacia erraient avec une confusion palpable. Les boulangers inventaient de nouveaux petits-déjeuners à chaque répétition du matin, et les coqs, déconcertés, cessaient de chanter. Giovanni, connu pour sa fascination assez discrète pour les mystères du temps, savait que quelque chose clochait. Les aiguilles de l'horloge centrale, habituellement rayonnantes sur leur tour, s'étaient ternies et restaient figées, comme perdues dans une éternelle indécision.
Un jour, alors qu'il observait pour la énième fois cette horloge endormie, une petite créature ailée vint voltiger autour de lui. C'était Veela, une fée espiègle, pleine d'énergie et d'une affection manifeste pour la symétrie. Avec des ailes chatoyantes qui scintillaient au soleil persistant, Veela fit une pirouette devant le nez de Giovanni.
"Giovanni Elias, le gardien du temps qui n'a jamais le temps de rire !" s'exclama Veela avec un rire guilleret. "Sais-tu pourquoi nos jours s'étirent sans fin comme des élastiques?"
Giovanni fronça les sourcils, sa curiosité éveillée par l'entrain de la fée. "J'ai bien quelques idées, mais rien de précis," avoua-t-il. "Les aiguilles sont étrangement immobiles."
"Le fil du temps a été perdu !" déclara Veela en gonflant ses boucles aériennes. "Un accident temporel ancien a causé cette pagaille. Mais je sais où nous devons aller pour commencer à réparer les choses."
Giovanni réprima un sourire, se demandant comment une si petite créature pouvait avoir des réponses à des problèmes si immenses. Pourtant, il était décidé à récupérer le fil perdu. C'est à ce moment-là qu'un chien se joinit à eux, marchant de manière majestueuse. C'était Maxwell, un chien noble et sage, qui, d'une manière ou d'une autre, avait développé la capacité inhabituelle de ressentir les vibrations du temps.
Maxwell aboya doucement, comme pour confirmer les mots de Veela. Giovanni se pencha pour caresser la tête du chien. "Alors, tu soutiens cette théorie? Étrange, mais je te fais confiance, Maxwell."
"Mais comment résoudre ce puzzle sans guide?" s'interrogea Giovanni à voix haute, en tournant son regard vers la grande horloge.
À cet instant, quelque chose d'étrange se produisit. L'horloge elle-même se mit à parler. "Voulez-vous mon avis?" retentit une voix éraillée. C'était Figaro, l'horloge parlante, un artefact excentrique, presque oublié dans le coin ombragé de la place.
Figaro, dont le visage rond était illuminé par de minuscules zébrures de lumière, raconta l'histoire de temps jadis où les aiguilles ne se contentaient pas de marquer le passage du temps mais possédaient une âme qui illuminait ses rouages. "Reconstituer le premier morceau du puzzle temporel," déclara Figaro. "Dans la Clairière du Crépuscule, il est caché, gardé par le Chiffre Caméléon, un être qui n'apparaît qu'une fois par lunaison."
Giovanni, Veela, Maxwell et Figaro formèrent une alliance improbable mais tenace. Un mélange étrange de personnalité et de compétences s'était formé, prêt à affronter un monde où le temps pouvait bien être aussi volage que leurs esprits entreprenants. Ensemble, ils décidèrent de se lancer dans cette quête singulière. Ils prirent la direction de la mystique Clairière du Crépuscule, là où le soleil refusait de se coucher et où les secrets temporels attendaient d'être découverts.
L'essence de l'aventure flottait dans l'air, légère et captivante, alors que leur périple venait de commencer. Giovanni, avec le poids de son devoir et une once d'excitation redécouverte, jeta un dernier regard à la grande horloge avant de s'avancer avec audace sur le chemin qui conduirait leur groupe hétéroclite au cœur battant du mystère temporel.