
Chapitre 3 : La Rencontre avec le Bonhomme de Neige
Le souffle froid qui venait de la salle de concert secrète contrastait avec l’atmosphère lourde et chargée de souvenirs qu'ils avaient laissée derrière eux. Nathan et le Fantôme, déterminés et curieux, avancèrent sous le dôme illuminé de néons vacillants, découvrant peu à peu un amphithéâtre souterrain d'une beauté irréelle. Les murs scintillaient de couleurs changeantes et on pouvait presque entendre la métropole vibrer à la surface, prisonnière du silence.
Au centre de la salle, une créature inhabituelle et imposante se dressait : le Bonhomme de neige vivant. Ses yeux, des brillants éclats de glace, fixaient Nathan avec une intention perçante. L’électricité dans l'air renforçait l’impression que cette rencontre serait déterminante.
"Vous avez osé pénétrer dans mon sanctuaire sonore," lança-t-il d'une voix gutturale et résonnante, ses gestes semblant diriger des courants gelés autour de lui. "Je suis l'architecte de ce silence, celui qui a figé la mélodie de votre précieuse Métropole."
Nathan, ramenant son courage à la surface, fit un pas en avant aux côtés du Fantôme dont le rictus calme et compatissant contrastait avec la scène glaciale. "Pourquoi vouloir éteindre la musique de la ville?" demanda-t-il avec une honnête incompréhension.
Le Bonhomme de neige ricana, une froide symphonie de clochettes de glace accompagnant son rire. "Parce que les sons sont une distraction! Les rues débordaient de chaos mélodique, et seul le silence total permet de saisir le pouvoir véritable."
Le Fantôme s'avança à son tour, son aura paisible captivant l'attention. "Mais la musique n'est pas seulement chaos. Elle unit, elle transcende les barrières et élève l'âme. Tes intentions éteignent ce qui rend la Métropole unique."
L’antagoniste, les yeux pétillants de défi, se leva de son trône de flocons, créant un tourbillon de notes glacées autour de lui. "Prouvez-le alors! Un duel musical décidera de l’avenir de la Métropole Néon," proclama-t-il avec un excès de confiance, une harpe de glace prenant forme dans ses mains figées.
Nathan échangea un regard rapide avec le Fantôme, ressentant la tension de ce défi. Ensemble, ils s’armèrent de leurs instruments, un ancien violon pour le Fantôme, et une guitare électrique poussiéreuse que Nathan débarrassa rapidement de la couche qui l'entravait.
L’atmosphère changea, vibrante du choc imminent entre chaud et froid, son et silence. Le Bonhomme de neige entama une mélodie pleine de distorsions glacées, ébranlant les murs avec ses notes aiguës et discordantes. Les néons accrochés dans le dôme scintillèrent sous l’effet de cette dissonance glaciale.
Nathan, sentant la pression mais également galvanisé par le défi, répliqua par des accords puissants et nets, emplis d'une chaleur que le Fantôme renforça de son jeu raffiné et mélodieux. La salle se mit à vibrer, réverbérant chaque note comme une symbiose des âmes musicales qui s'affrontaient.
Le duel battait son plein, chaque note disputant l’équilibre précaire entre la création et la désolation. Le Bonhomme de neige, frustré par la cohérence de l'alliance musicale de ses adversaires, intensifia ses efforts, projetant des rafales sonores assassines pour briser leur front uni.
Mais c'est dans la connexion profonde et intuitive entre Nathan et le Fantôme que la clé de leur victoire résidait. Ensemble, ils parvinrent à créer une suite musicale harmonieuse, unissant habilement leurs talents en une symphonie enchanteresse qui enveloppait et amadouait progressivement son adversaire.
L'air froid sembla céder peu à peu sous cette chaleur orchestrée, les notes glacées du Bonhomme de neige se transformant en mélodies scintillantes, capturées par la richesse de l'interprétation de Nathan et du Fantôme. Presque désespérément, il libéra son dernier accord discordant, mais fut pris au dépourvu par l'harmonie retrouvée qui ondulait dans toute la salle.
Privé de son emprise glaciale, le Bonhomme de neige éclata en un amas scintillant qui disparut doucement dans l'air, laissant derrière lui une légère brume, comme un départ aérien silencieux et apaisé.
Avec le silence dissipé et une fois le souffle calmé, les amis inusités se regardèrent en souriant, conscients que ce qu'ils avaient accompli ne tenait pas seulement de leur virtuosité, mais de l'amitié qui maintenant les réunissait. Nathan avait dissipé le froid avec courage, guidé par l'inspiration mutuelle qui, ensemble, avait percé l'étreinte glaciale de la ville.
Un sentiment de triomphe serein les envahissait en quittant la fosse secrète, prêts à redonner à la Métropole Néon son éclat vibrant, harmonique et pétillant de vie musicale. Nathan, l’esprit éveillé, préparait déjà ses prochaines compositions, celles qui raconteraient leur formidable aventure dans un monde où les mélodies ne disparaîtraient jamais complètement.