Chapitre 2 : Les Secrets de la Jungle Mécanique
Guidés par l'éclat clinquant de fragments de carte décousus, Gabin, Bobo et Léonard se frayaient un chemin à travers la jungle mécanique qui n’avait de cesse de grincer et cliqueter. À chaque pas, un rouage dissimulé se faisait entendre sous leurs pieds, et les lianes pendantes révélaient parfois des circuits cachés en leur sein.
La curieuse forêt semblait chantonner un air de mélodie métallique, comme si elle était elle-même une vivante et complexe entité d'acier. Les arbres, avec leurs feuilles de cuivre et branches de piston, créaient une symphonie de petits tintements au gré du vent.
Bobo, l'esprit malicieux en action, sautillait de branche en branche, examinant de près les écorces chromées. « Regarde ça, Gabin ! On dirait un casse-tête géant fait juste pour nous, » gloussa-t-il en désignant une série d'engrenages enchâssés dans un tronc.
Gabin, l’œil alerte et l’esprit vif, scrutait les sentiers cachés que révélaient des jets de vapeur aléatoires. « C'est presque comme si cette jungle voulait qu'on passe, » murmura-t-il en bougeant un levier dissimulé, déclenchant l'apparition surprise d’un pont dépliable qui relia une crevasse béante faite de tuyaux tordus.
De son côté, Léonard, si majestueux dans sa démarche prudente, humait l’air saturé d’huile légèrement parfumée, essayant d’y détecter une quelconque menace. Son flair infaillible leur avait permis d’éviter jusqu’à présent de tomber dans les pièges de cette étrange forêt.
Le voyage du trio était ponctué d'énigmes laissées par l'expédition disparue. Chaque énigme demandait une combinaison de logique, de force brute et d'un peu de chance insouciante de la part de Bobo. Les rivières qu'ils croisèrent chantaient un refrain répétitif et métallique, une musique qui était à la fois apaisante et inquiétante.
Arrivés à ce qui ressemblait à un campement abandonné, Gabin examina attentivement les objets disséminés – outils en cuivre, notes griffonnées sur des feuilles d'étain, et fragments de plans jonchant le sol.
« Tiens, tiens, regardez ça ! » s'exclama Gabin en ramassant une liasse de papiers roulée autour d'un tuyau de fer. En y jetant un coup d'œil, il parvint à reconstituer l’itinéraire suivi par le groupe disparu. La foi guida son regard vers un dessin brouillon d'une grande structure bordée de symboles mystérieux.
Mais, tandis qu’il explorait les lieux, un piège ancien se libéra dans un grognement dormant. Sous un tas de débris, un autogolem se mit lentement en marche, ses yeux de cristal s’illuminant comme deux phares intempestifs. La grande machine de fer se dressa fièrement sur ses roues dentées, menaçant de briser l’équilibre précaire du campement.
« À nous de jouer ! » exulta Bobo, s’élançant pour perturber les mécanismes du golem en jonglant avec les pierres disséminées autour.
Léonard, plus en retrait mais résolument stratégique, examina les alentours avant de pousser des rochers sur ses pattes arrière, créant une série d’obstacles sur le chemin de l’imposante machine.
Restant calme, Gabin décida de tenter quelque chose de plus audacieux. Agile de nature, il improvisa un essai de communication avec la machine. Ses gestes, inspirés par sa vie primitive, devinrent une danse ancestrale tandis qu’il essayait d’attirer la sympathie du géant de métal.
Étrangement, l'autogolem sembla s'arrêter, ses rouages ralentissant progressivement, comme sensibilisé par cette scène inédite.
En plein bouleversement, ils découvrirent non loin une inscription clé gravée à même le sol rouillé. Ce message, laissé là par les explorateurs, marquait la voie vers la Forge des Anciens, le prochain pas crucial dans leur quête pour retrouver l’expédition perdue.
Ce premier véritable obstacle leur avait non seulement appris à travailler en équipe, mais il confirmait aussi que des secrets devaient encore être révélés au cœur même de la jungle, là où l'ancien monde rencontrait un avenir révolu et pourtant si mystérieux. Déterminés et remplis de courage renouvelé, les compagnons poursuivaient leur aventure, anticipant les enseignements et miracles que la suite réservait.